Crise politique belge: et de sept !

263 jours après les élections, le Roi Albert II vient de nommer un nouveau négociateur. Le septième. Et probablement pas le dernier. A moins que de nouvelles élections soient organisées. Ou que les indépendantistes flamands finissent par démontrer que la Belgique est morte.

A se demander quand est-ce que cela prendra fin. 311 jours après la démission du gouvernement d’Yves Leterme, les partis gagnants des élections du 13 juin dernier ne sont toujours pas parvenus à un accord en vue de réformer l’État belge et de le doter accessoirement d’un gouvernement.

Un nouveau mandat réduit

Pire encore, les différents groupes politiques francophones d’un côté et néerlandophones de l’autre ne se parlent presque plus. Le dernier conciliateur royal, le libéral francophone Didier Reynders avait pour mission de définir s’il existait encore “une volonté de négocier”. Après un mois de consultation, il estime que oui.

Conséquence de quoi, le Roi Albert II a nommé le 2 mars, le Président du parti conservateur flamand (CD&V), Wouder Beke, “négociateur”. Ce ne sera jamais que le septième en neuf mois et sa mission reste très réduite: trouver un accord sur la réforme de l’État. Pas question d’aller plus loin en cherchant à former un gouvernement dans les plus brefs délais, car cela impliquerait aussi de trouver un terrain d’entente sur les matières socio-économiques.

A quand de nouvelles élections ?

Mais combien de temps cela va-t-il encore prendre? Même si le pays se porte encore bien, avec une croissance de 2% pour l’année 2010, et un chômage en léger recul (passant de 8,3 à 8% sur l’année écoulée), les Belges commencent à s’impatienter. Fin janvier, 40 000 personnes avaient manifesté dans les rues de Bruxelles pour réclamer un gouvernement.

De plus en plus de sources émettent l’hypothèse de la tenue de nouvelles élections même si les résultats devraient être similaires. Les deux gagnants de juin dernier, le Parti socialiste en Wallonie et l’Alliance Néo-Flamande (NVA) en Flandre gagneraient même quelques points, renforçant leurs positions dans leur fief respectif.

Favoriser l’évaporation du pays

Cette solution serait un quitte ou double. Que se passerait-il si à la suite de ce nouveau scrutin, aucun accord n’émerge? Des élections jusqu’à épuisement des électeurs dans un pays où le vote est obligatoire? Des négociations sans fin dans un pays gouverné via ses gouvernements régionaux?

Cela pourrait bien marquer la fin de la Belgique. Ce qui ferait des heureux. Le programme des indépendantistes de la NVA prévoit explicitement que la Belgique finira à terme par “s’évaporer” pour laisser place à une Flandre indépendante.

Quelle meilleure façon de le faire qu’en prétendant vouloir un accord tout en demandant toujours plus à l’autre partie lors de négociations au contenu largement tenu secret? Cette stratégie permet de démontrer – en toute bonne foi de façade – que le fossé entre Flamands et francophones est trop grand et que tout accord est impossible malgré les efforts répétés de nombreux négociateurs.