Le message de Trump à l’Europe, en cinq points

Le 15 janvier au soir, The Times et Bild ont publié la première interview du nouveau président des Etats-Unis à des médias européens. Sa lecture devrait être obligatoire, tant elle comporte de potentiels bouleversements dans les relations transatlantiques telles qu’elles sont établies depuis 1945.

L’inscription sur le site du Times ne demande que deux minutes et ne coute rien.

Que retenir, en cinq points:

1/ Il promet d’aider le Royaume-Uni à réduire les effets du Brexit et ainsi favoriser le départ d’autres pays de l’UE. Trump projette donc ouvertement de favoriser la destabilisation de l’Europe.

2/ Il juge que le Brexit est la conséquence de l’arrivée des réfugiés syriens et des choix de la chancelière allemande Angela Merkel.

Nous avons donc un président américain qui reprend les analyses de l’extrême droite européenne alors que cela est factuellement faux. Le Royaume-Uni n’est pas membre de l’espace Schengen et n’était donc pas concerné par les quotas de relocalisation. Mais l’ancien leader du UKIP [parti eurosceptique britannique, xénophobe, de plus en plus proche du FN], Nigel Farage, n’est pas un proche de Trump pour rien.

3/ Concilliant avec Londres, il menace dans le même temps Berlin de taxer l’importation de ses voitures. La raison ? Pas assez de Chevrolet en Europe, comparé au nombre de Mercedes et BMW aux Etats-Unis. Puissance de l’analyse…Ford et Chrysler apprécieront aussi le risque de mesures identiques de la part des Européens.

Dans le même temps, Trump se montre très conciliant avec la Russie de Vladimir Poutine en la plaçant sur un pied d’égalité avec l’Allemagne dans le “respect” qu’il leur porte. Il se dit aussi prêt à lever les sanctions économiques contre Moscou en échange d’un accord sur la réduction du nombre d’armes nucléaires, alors qu’à la base, ces mesures ont été prises à cause de la guerre hybride par les Russes en Ukraine. Cette dernière serait donc abandonnée à son sort et au bon vouloir de son grand voisin.

4/ Il réaffirme que l’OTAN est “obsolète” [il le disait déjà lors de sa campagne]. La sécurité de tout le flan Est de l’Europe est donc en train de s’écrouler, et Poutine peut se frotter les mains.

5/ Avec un président américain avec de tels référentiels, on peut très bien imaginer que le FN devienne le parti le plus atlantiste de France. Le voyage de Marine Le Pen à New-York la semaine dernière n’est pas sans raison d’ailleurs. L’anti-américanisme de l’extrême droite française n’a rien à voir avec la prétendue “souveraineté”, mais est bien une question de valeurs. Jusqu’en 1989, le FN était “anti-russes” puisque les communistes gouvernaient à Moscou. Alors qu’aujourd’hui, Vladimir Poutine est un modèle pour les dirigeants du parti et ses alliés européens.

Conclusion ?

Si après ça, les Européens ne sont pas capables de se réveiller et d’arrêter leurs querelles de clochers…